Je me souviens de cette journée. L'élève qui nous fait des crises et que nous souhaiterions refaire interner, s'est bien comporté. Il n'a plus le droit de manger à la cantine, nous avons pu souffler et rigoler sans craindre de devoir lui courir après, d'appeler les secours. Mes élèves sont fatigants, mais gentils. L'étude a été musclée, j'ai du me fâcher plusieurs fois. Cette maman avec qui j'ai souhaité discuter du comportement de son fils.
Pourtant en sortant de l'école j'ai appelé ma grand-mère et nous avons bavassé 43 minutes. Elle qui n'aime pas le téléphone, je l'ai fait rire avec mes histoires pendant 43 minutes alors que j'étais assise dans ma voiture. J'ai raccroché le sourire aux lèvres, j'ai mis la radio à fond, j'étais bien.
Je me suis arrêtée au Monoprix, faire 2/3 courses, des promos, la collection de Noël, une caissière rigolote. Le weekend commençait bien.
Je suis rentrée chez moi, j'ai attrapé un bouquin pour débuter le weekend à mille. J'ai fait chauffer le poêlon de fromage à fondu, râlé parce que DALS c'était le lendemain.
Et puis j'ai reçu le sms de cette amie qui me disait qu'elle était dans un restau rue d'Oberkampf, qu'il y avait une fusillade dans Paris et qu'ils les confinaient. C'est là que le weekend est devenu cauchemardesque.
J'ai cherché des informations sur internet, j'ai découvert ce qui se passait, vu sur le plan que mon amie était à 100 mètres du massacre.
J'ai passé la nuit à demander des nouvelles de ceux que je connais, vont-ils bien, sont-ils en sécurité? J'ai passé la nuit à avoir peur pour elle, à me sentir égoïste, à pleurer.
J'ai dormis et m'en suis voulu. J'ai passé mon temps à actualiser internet. Elle est rentrée chez elle saine et sauve. J'ai pleuré encore devant toutes les photos de ces personnes recherchées. J'ai pleuré surtout lorsque se sont devenus des avis de décès.
Demain il faudra en parler avec mes élèves, il faudra rassurer, il faudra expliquer.
Sauf que je ne comprends pas et que j'ai peur.
Alors je vis au jour le jour, pour le moment je me force et je mets un pied devant l'autre.
Il suffit de se souvenir d'allumer la lumière.
JK Rowling
Besoin de vous: Il faut que j'éradique mes fautes d'orthographes alors n'hésitez pas à me les signaler si vous en voyez.
<3
RépondreSupprimerSi ça peut t'aider pour tes élèves j'ai entendu une psychiatre dire que d'abord il faut demander aux enfants ce qu'ils ont vu et compris pour pouvoir répondre par rapport à leurs questions et les laisser s'exprimer. Ensuite elle a dit qu'il fallait être très factuel, et dire "ils ont été tué" plutôt que "ils sont partis" qui est beaucoup plus violent en fin de compte. Elle a dit qu'on pouvait utiliser le mot "guerre". Et aussi qu'il ne fallait pas avoir peur de dire "ils ont été tué", etc. mais aussi mettre l'accent sur les choses qui se sont bien passées : les policiers et les ambulanciers qui ont sauvé les gens qui pouvaient l'être.
RépondreSupprimerJe me sens muette depuis vendredi soir, je ne sais pas quoi te dire alors je me contente de dire que je t'embrasse
RépondreSupprimerENORMES COEURS ♥
RépondreSupprimerEn te lisant et en me retrouvant tellement dans ce que tu dis dans ton désarroi face à tes élèves, je n'ai qu'une envie, c'est te faire un calin virtuel. <3
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